La troupe professionnelle ILYADA nous a reçu, nous "Caravane Théâtre" de France. Le directeur metteur en scène Mohamed Maazouz et ses assistants, Aissa el Ouarouat et Soufiane Naïm, tous visibles sur facebook, nous ont accueillis généreusement et avec beaucoup de chaleur et d'amitié.
Côté "Caravane Théâtre" Nous étions : Jean Pierre Besnard France) et Roxane Zadvat Du "Théâtre Croquemitaine"(Belgique).
Marocains, Français et Belge , tous très sérieux mais souvent mort de rire. (Pour ne pas finir désespérés).
Nous avons travaillé les jeux et exercices de l'arsenal du "Théâtre de l'Opprimé" d'Augusto Boal. Puis le "Théâtre Forum" et le "Théâtre Image"
Nous avons commencé par des jeux et exercices. Puis continué par les techniques du "Théâtre Forum en Images" et du "Théâtre Forum parlé"
Explication sur l'exercice "La fresque" (Image du livre : le manuel du théatre-forum par Caravane Théâtre"
Spectacle de "Théâtre Forum Parlé"
L'enfant sans pain
1. A la maison
Benaïssa : Aïe… Je n’ai pas vu le temps passer. Je vais rater mon examen !! Mais j’ai faim, je suis mort de faim ! Je vais demander à mon père, il va m’aider.
Benaïssa : Papa, donne moi de l’argent pour acheter du pain avant d’aller à l’école
Le père : C’est le matin, je n’ai pas encore fumé ma cigarette, va voir ta mère, laisse moi tranquille. Dégage.
Le petit frère pleure.
Benaïssa : Maman, Salam, papa m’envoie pour que tu me donnes de l’argent, pour acheter à manger avant d’aller à l’école.
La mère : Je m’en fous. Ton frère est malade, il est handicapé, qu’est ce que je vais faire, avec toi et ton frère, je vais devenir folle avec vous, laissez moi tranquille.
Benaïssa sort et rencontre le gardien du parc.
Benaïssa : Salut m’sieur, est-ce que vous avez un déjeuner chez vous pour moi ?
Le gardien : Non rien.
Benaïssa : Ma famille ne m’a rien donné
Le gardien : Je ne peux pas vous aider
Il va retrouver ses amis qui jouent aux dames.
Othman : qu’est ce qu’il y a mon ami
Benaïssa : Beaucoup de problèmes, je n’ai rien mangé aujourd’hui, c’est pas une vie
Othman : Nous aussi, on n’a pas de boulot, pas d’argent.
Benaïssa : Au revoir Othman.
2. Les échoppes
Benaïssa : Ahmed, s’il te plait, donne moi la moitié d’un pain. Mets moi du fromage.
Le premier marchand : Non, non, ta mère a déjà laissé une ardoise qu’elle ne rembourse pas. Tente ta chance à côté, mais moi j’ai assez donné.
Benaïssa : S’il vous plait, donnez moi une moitié de pain, avec du fromage, ma mère viendra vous payer après.
Le deuxième marchand : Non, non.
Benaïssa : S’il vous plait, j’ai faim, ma mère viendra payer.
Le deuxième marchand : Bon ok, mais laisse moi une garantie, tes sandales, elles sont jolies…
Benaïssa : Mais j’en ai besoin pour aller à l’école…
Le deuxième marchand : Bon, maintenant, c’est le pain ou les sandales.
Benaïssa : Allez, donnez moi le pain. (il donne ses sandales)
3. L’école
Le professeur entre avec son bâton et son sac. Elle s’assied et se maquille. Elle tape sur la table pour faire entrer les élèves.
Les élèves entrent et s’installent. Une des chaises du 1er rang reste vide : notre affamé est en retard, il n’est pas encore là.
La prof : asseyez vous. Quelqu’un peut me rappeler ce qu’on a vu la semaine dernière.
Un élève : …
La prof : bien.
Un autre élève :
La prof :
Benaïssa entre.
La prof : Et alors, c’est à cette heure-ci qu’on arrive ?
Benaïssa : C’est une longue route, et je n’ai pas de chaussures.
La prof : prends tes affaires et sort
Benaïssa : Mais madame, s’il vous plait
La prof : prends tes affaires et sort
Benaïssa : Mais madame, s’il vous plait
La prof : c’est la dernière fois. Allez, à ta place. Allez, on reprend. Combien y-a-t’ il eu de guerres mondiales ?
Un élève : trois
Un autre : cinq
Un autre : trente
La prof : Benaïssa ?
Il dort. Elle se fâche, le fait se lever pour lui taper sur les doigts. Parmi les autres élèves certains sont solidaires, d’autres moqueurs.
Benaïssa : Mais pourquoi ? J’ai le droit d’aller à l’école, j’ai le droit de faire des études, j’ai le droit de manger à ma faim.
Pourquoi ?
Spectacle de "Théâtre Forum Parlé"
Oppression envers les filles
"L’autobus"
Le bus s’arrête pour faire monter des passagers
(Deux jeunes filles, une femme, deux hommes)
Il n’y a plus de places assises, un des hommes reste debout.
Les derniers à monter : une jeune fille habillée moderne, avec son petit frère.
Ils restent debout.
La route est mauvaise, les passagers sont secoués et un homme, en connivence avec un autre, en profite pour toucher la jeune fille.
Il recommence plusieurs fois, à chaque fois la fille se retourne mais ne comprend pas qui l’a touché. Jusqu’à la fois de trop.
Farah : Arrêtez, ne me touchez pas !
Yassine : Je ne t’ai pas touché, ce n’est pas moi !
Redouane : Moi je t’ai vu, tu l’as touchée. Tu n’as pas honte ?
Mohammed : De quoi tu te mêles, ce n’est pas ton problème.
Atikha : Il a raison, vous voyez comment elle est habillée ?
Frère : Arrêtez d’embêter ma sœur ! Vous n’avez pas de sœur vous ?
Mohammed II : On t’a rien demandé, regarde ta sœur comment elle est, qu’est-ce que tu vas devenir toi en grandissant…
Farah : ça suffit de m’insulter.
Aïcha et Sara : Eh, quoi ? Il faut se cacher dans un sac pour être tranquille dans cette ville?
Vieille dame : ça suffit ce bordel.
Conducteur : Elle a raison, ça suffit. Tu vas nous causer un accident, toi et ton frère, descendez.
Yassine + Atikha + Mohammed : C’est ça, dégage, va prendre un taxi
Le prof M Bouzid croise le directeur : Bonjour M le directeur.
Le prof M Bouzid : Bonjour Monsieur Bouzid
On voit le professeur qui sort de la salle des profs.
Un professeur : Alors M Bouzid et cette classe ça va bien ?
Le prof M Bouzid : C’est difficile. Il y a quelques élèves insupportables
On voit le jeune dans sa famille. C’est le meilleur. Son père le félicite.
Le père : Ah Mohamed. Je suis fier de toi. Tu es le meilleur.
Les élèves sont assis et passent un examen. Le professeur est dans un coin de la classe. Au premier rang, les bons élèves, derrière les élèves plus dissipés. Tous essaient de copier sur le bon élève, assis au milieu du premier rang. Il essaie de cacher sa copie.
Un par un les élèves vont rendre leur copie au professeur.
Les élèves du fond rendent leur copie avec mauvaise humeur en disant qu’ils ont probablement raté, comme d’habitude.
Les autres sont fiers et confiants.
La cloche de la recréation sonne. Le professeur sort et laisse les élèves en classe.
Le rang du fond se déchaine en cris, puis au bout d’un moment se met à frapper le bon élève. Il se lève, et pleure en protestant contre les autres élèves.
Le professeur entre et voit Yassine debout en train de gesticuler.
Le professeur : Qu’est-ce que tu fais toi ?
Yassine : J’ai rien fait, c’est les autres, ils me frappent !
Redouane : C’est vrai, il n’a rien fait.
Deux élèves du rang l’attrapent et le retiennent sur sa chaise en disant : tais-toi sinon on te frappera à la sortie.
Atikha : Monsieur, c’est elle qui l’a frappé.
Farah se lève et vient devant se disputer avec Atikha.
Le professeur : arrêtez !
Le professeur attrape Yassine, et le frappe sur les mains.
Le directeur entre dans la classe.
Directeur : Qu’est ce qui se passe ici ?
Le professeur et tous les élèves : Rien, rien.
Spectacle de "Théâtre Forum Parlé"
Oppression dans la famille
Père alcoolique
La mère est dans la cuisine. L’oncle (son frère) entre dans la cuisine.
Fatma : Aide moi, tu sais. Mon mari est violent.
L’oncle : Ecoute je ne peux rien faire.
Elle parle avec lui de ses problèmes domestiques.
Les deux enfants sont couchés sur le tapis côte à côte et jouent.
Le père entre en titubant.
Père : où est le diner ?
Mère : il n’y a plus rien, les enfants ont tout mangé
Père : Fatma, donne moi mon diner.
Mère : T’as vu à quelle heure tu rentres, il n’y a plus rien je te dis.
Le père bat sa femme. Les enfants sont effrayés.
Le père attrape un des deux par l’oreille, lui donne des sous
Père : tiens, va au magasin de Ahmed et achète moi des cigarettes.
Enfant : mais il est tard, c’est la nuit.
Père : ne discute pas, vas-y.
L’enfant croise le voisin.
Le voisin : où tu vas toi à cette heure-ci ?
L’enfant : C’est mon père qui m’envoie acheter des cigarettes. Mon père il boit
Le voisin : Il est tard, tu risques d’avoir un accident. Fais bien attention et ne traine pas en chemin.
L’enfant sort. Bruit de freins. Accident du petit
Il faut voir le marchand chez lui avec sa femme
Il rencontre sa maîtresse et lui parle tout bas
Un marchand, son épouse, une belle femme, un passant.
Une belle femme passe en minaudant, et s’adresse à un marchand : j’ai perdu mon sac où j’avais mis mon argent, vous pouvez faire quelque chose ?
Le marchand : bien sur mademoiselle, tenez, prenez 50 Dhs
La femme du marchand arrive avec son enfant.
Le marchand : Qu’est ce que tu fais là toi ? Tu n’es pas à la maison ? Je t’ai déjà dit de ne jamais venir ici !
La femme du marchand : J’ai besoin d’un peu d’argent pour acheter à manger pour les enfants, il n’y a plus de pain, ni de fruits.
Le marchand : Je n’ai encore rien vendu, je ne peux rien te donner, débrouille toi.
La femme du marchand : Tu n’as pas de cœur ? Ce sont tes enfants
Un passant intervient : Lavez votre linge sale en famille, ce n’est pas l’endroit pour discuter de ça, tout le monde vous regarde, vous n’avez pas honte ?…
La femme du marchand : Mais regardez monsieur, il ne veut même pas donner de quoi acheter à manger pour sa propre famille, c’est ça qui est honteux.
Le passant : Je ne veux pas le savoir. Ce n’est pas l’endroit pour résoudre ce problème.
Le marchand : Tu ne la connais pas, elle fait son cinéma, c’est toujours la même chose, elle me fout la honte devant tout le monde.
Le marchand menace sa femme : va à la maison ! Je vais te frapper.
La femme du marchand : Monsieur. C’est vrai il va me frapper
L’enfant : Il va frapper maman !!!
Le passant fait comme s’il n’avait rien vu, et il part.
Le marchand : Marche à la maison !
Spectacle de "Théâtre Forum en Images"
Le droit d'expression
Un patron renvoie quelques uns de ses ouvriers. Ceux-ci manifestent leur mécontentement. Ils veulent revendiquer leurs droits. Cependant, sans raison aucune, ils en sont violemment empêchés par des "forces de l'ordre". Comment réagir pour exercer ce droit de revendication. Les spectateurs qui viendront remplacer les personnages opprimés le feront savoir.
Spectacle de théâtre forum créé par les comédiens de la troupe Ilyada de Ouled Teima. Spectacle créé dans le temps d'une formation aux techniques du "théâtre de l'opprimé" menée par Jean Pierre Besnard de "Caravane Théâtre" Montauban (France).